Donc pour l’instant
nous ne sommes que deux en permanence sur la ferme.
Nous espérons agrandir le groupe mais nous savons que
ça prendra du temps. Nous ne cherchons pas des
compétences (qui peuvent toujours s’acquérir) mais des
personnes avec qui on s’entend réellement : dans
le travail et dans le quotidien. C’est pourquoi il
faut au minimum deux ans pour intégrer complètement le
groupe, après s’y être vraiment confronté. Cela dit,
nous espérons aussi multiplier les formes
d’accueil : chantier, compagnonnage, découverte
d’un collectif agricole, etc.
|
Du
coté juridique, il y a un GFA pour le foncier, une
association pour les activités non lucratives et nous
prévoyons de monter un GAEC cette année pour les
activités lucratives. Le GFA de Bazars (dont vous avez
les statuts ici) a acheté le terrain et le bâti, via
la SAFER. Il les loue aux fermiers, ce qui lui permet
de rembourser l’emprunt privé qu’il a contracté. Les
part sociales sont partagées à égalité entre les
associés, ce qui est pour nous la meilleure façon de
garantir la propriété commune. Mais c’est aussi ce qui
explique qu’il y ait besoin de beaucoup de temps pour
l’intégrer. Autrement dit, pour devenir associé du
GFA, il faut d’abord être membre du collectif La
bande a Bazars qui
reste la structure la plus importante pour nous,
même si elle est informelle et qu’elle n’a aucune
existence juridique.
|
|
L’association (dont
vous avez les statuts ici)
La bande a Bazars,
s’occupe des activités non rémunératrice, celles qui
nous plaisent, celles qui ont du sens dans une ferme
telle la notre. Pour l’instant elle ressemble plus à
une coquille vide qu’à autre chose, mais c’est surtout révélateur
des priorités que nous avons dû nous imposer pour
démarrer l’activité.
|
Et enfin le GAEC. Nous ne l’avons pas créé tout de
suite car il aurait fallu que tout le monde soit
exploitant à titre principal. Ce qui était
économiquement impossible lors de notre installation.
Deux d’antre nous ont donc débuté avec le statut
de cotisant solidaire. Le départ de celui qui
était déclaré comme chef d’exploitation
a finalement précipité les choses : nous nous
sommes tous les deux enregistrés à la MSA comme chefs
d’exploitation cet hivers. Prochaine étape, création
du GAEC de Bazars. Pourquoi un GAEC ? Et bien,
pour des raisons exclusivement prosaïques : c’est la
seule structure juridique à maintenir le régime du micro-BA.
Cela va donc concerner toutes les activités
rémunératrices qui doivent nous assurer une autonomie
financière et nous épargner d’avoir recours aux
« aides » de la PAC. Et aussi, même si nous
n’y sommes pas encore, nous permettre d’investir sur
le lieu. Plus, cela a de soi, nos dépenses
quotidiennes, personnelles, etc.
|
Il faudrait
aussi distinguer les activités régulières des
saisonnières. Le pain, la vente directe, le tri du
blé, les animaux, la paperasse, les réunions, le
maraîchage, le petit bûcheronnage, les réunions et
bien sûr les tâches domestiques se font toute l’année,
voire toutes les semaines.
|
Le pain est notre principale source de
revenus (plus des trois quarts pour l’instant) mais
nous essayons de ne pas entièrement en dépendre et
c’est pourquoi nous avons d’autres productions, celles
qui offrent la meilleure valorisation possible :
les fraises et sablés pour l’instant.
Les œufs ne sont pas si rentables que
ça, en tout cas pas avec une centaine de poules (et
oui, ça peut paraître beaucoup comme ça, mais en
réalité, c’est ridicule par rapport à la moyenne des
élevages, même ceux en plein air) et l’alimentation
bio qu’on doit encore acheter. Mais avoir des poules
présente plein d’autres avantages : ça nous
garantit des œufs à l’année et c’est rigolo à
observer, ce qui n’est pas rien. Mais c’est aussi un
produit d’appel sur les marchés, ça nous rend
autonomes en fumier avec celui des brebis, ça nettoie
le jardin en hiver et pas qu’un peu. Pour toutes ces
raisons, et sans doute d’autres, nous maintenons cette
activité comme lucrative, en espérant que les normes
de biosécurité imposées ne la rendront pas bientôt
impossible. Nous avons aussi tenté le mesclun trois
hivers de suite (l’été il se fait bouffer par les
altises) mais nous allons sans doute laisser
tomber : trop de boulot par rapport à ce que ça
rapporte, surtout pour les petites quantités qu’on
proposait. Cela dit, on continuera à en cultiver pour
nous parce que c’est vachement bon.
Pour remplacer le manque à gagner (déjà largement
entamé avec le départ du troisième larron et un marché
en moins par semaine) nous avons commencé à faire des
sablés après les fournées, étant entendu que les
produits transformés sont ceux que l’on valorise le
mieux, surtout si on produit une bonne partie des
matières premières. Ça nous a un peu surpris mais ça
marche plutôt bien, ça remplace largement le mesclun
et c’est plus régulier sur l’année. Nous faisons deux
fournées par semaines, vendredi et samedi, que nous
vendons tout ça à la ferme ou sur les marchés. Pas de
magasin de producteur pour l’instant mais on aimerait
bien. Là encore, nous essayons de ne pas mettre tous
nos œufs dans le même panier et multiplions les points
et les réseaux de vente. Les semaines de confinement
et de fermetures des marchés nous ont largement
confortés dans cette idées.
|
Nous n’avons
pas de label bio et nous n’en voulons pas ! (ça
fera l’objet d’un prochain point). Pour le reste, y a
les activités plus saisonnières, lucratives ou non :
le jardin et la tranfo bien sûr, mais aussi pas mal de
construction même si on a un peu levé le pied,
l’entretien du terrain des clôtures et des parcs à
brebis ou à poules. Et bientôt des ânes. Il y a aussi
les cultures. Nous n’avons pas encore de gros tracteur
donc nous faisons faire les travaux pour le blé,
depuis les semis d’automne jusqu’à la récolte fin
juillet. Mais les moissons restent un moment assez
intense quand même avec notamment la paille à mettre
en bottes et à stocker. Et puis il y tout le reste :
préparer les réunions, rédiger et mettre en forme la
propagande, tirer des plans sur la comète...
Car oui, il y aurait encore plein de choses
possibles et imaginables à Bazars. Le premier
soucis, c’est que nous sommes limités en terres
cultivables pour le blé, surtout qu’il faut faire
des rotations. C’est même un gros problème et nous
n’en trouvons pas à louer à proximité. Il y a aussi
le manque de temps pour pouvoir nous déplacer, nous
faire connaître et expliquer ce qu’on essaye de
mettre en place. Mais d’autres activités peuvent
tout de même être imaginées à la ferme : il y a
pas mal de bois à couper, le maraîchage et la
transfo pourraient nous rendre encore plus
autonomes, on pourrait avoir des abeilles (nous
avons déjà les ruches), planter un verger, et puis,
et puis…. et puis être plusieurs nous permettrait de
bouger plus souvent, plus facilement, plus longtemps
aussi. Pour voir d’autres collectifs, d’autres
expérimentations, d’autres façons de faire… ou pour
changer d’air tout simplement.
|
|
|
|
|