Pour être
honnêtes, il y en a même un paquet. Cela dit, il y en
aura toujours, et c’est bien ça qu’il faut avoir en
tête, même si ça peut paraître frustrant :
l’objectif d’une réelle et fluide
« autogestion » ne sera sans doute jamais ni
atteint ni acquis. Il restera un objectif, d’où la
dimension expérimentale de ce que nous vivons. Bien sûr,
il y a des choses plus réussies que d’autres, des
progrès plus rapides, plus satisfaisants, et à contrario
des échecs, des blocages plus décevants, désespérants
même parfois...
Ce qui a le moins bien fonctionné, c’est la
possibilité de nous organiser à trois dès le début. Ce
qui a conduit au départ de l’un d’entre nous cet hiver.
Si on met de côté les conflits de personnes, reste la
question de la responsabilité individuelle et
collective. Devoir considérer que chacun de nos choix et
de nos actes est interdépendant de ce que font les
autres et aura des conséquences sur eux, sur leurs choix
et leurs actes, peut paraître pesant dans un collectif
qui mêle vie quotidienne et travail. Pour le dire
autrement, cette vie nous amène à prendre conscience
sans filtre que chacun de nos actes et de nos choix,
parce qu’il implique d’autres personnes, est politique
et, donc, nécessite une régulation permanente et
pourtant mouvante. Ce qui peut apparaître stimulant pour
certains peut vite devenir trop contraignant et
finalement trop perturbant pour d’autres..
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Parmi ce qui reste à améliorer (et nous sommes
en train de réinterroger sérieusement ce point), il y a
aussi la quantité de travail productif, qu’il soit
lucratif ou vivrier, par rapport à d’autres activités
que nous aimerions avoir et qui ont du sens dans une
ferme, pour un collectif ou tout simplement pour l’un(e)
d’entre nous. Le nombre n’y aide pas mais nous savons
que ce n’est en partie qu’une excuse et qu’un groupe
plus nombreux peut tout à fait tomber dans le piège d’un
trop plein de taf.
Il y a aussi les difficultés à nous projeter et
à nous interroger sur les orientations à long terme, car
trop focalisés sur le court terme, sur notre
installation d’abord, et sur la résolution de problèmes
concrets et quotidiens ensuite.
Parmi ce qui nous semble le plus satisfaisant,
par contre, il y a notre « modèle économique »
qui nous permet une certaine autonomie financière. Sans
avoir l’impression de trop nous compromettre, nous
essayons de trouver un bon équilibre entre les activités
lucratives, vivrières et dépensières. Les efforts qu’on
fait pour avoir des bons produits sont aussi très
valorisants, les retours sont bons et nous savons que ce
que nous proposons est de qualité : notre pain se
conserve facilement une semaine sans sécher, nos poules
gambadent sur leurs quatre cuisses musclées et nous
pondent de beaux œufs, les fraises sont vraiment
succulentes, les agneaux bien dodus, et on espère un
beau potager cette année.
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